Un article de Maya Lepage et de Magalie Patenaude

Après avoir survolé la Slow Life dans notre dernier article, voici des portraits d’individus inspirants, près de nous, qui choisissent de ralentir ou de simplifier un aspect de leur vie.

Ces choix, parfois modestes, parfois à contre-courant, toujours courageux, peuvent être inspirants si vous aussi vous avez le goût de changer de rythme pour trouver et maintenir un nouvel art de vivre. Ces personnes nous font connaître leur rythme de vie. Elles partagent avec nous leurs choix, leurs valeurs et les conseils et solutions qu’elles ont adoptés et qui peuvent vous aider dans vos propres réflexions.

Céleste 11 ans

  1. Quelle activité aimez-vous faire lentement ?
    Regarder tous les livres des rayonnages à la bibliothèque.
  1. Quelle activité aimez-vous faire rapidement ? 
    Les devoirs. Je commence à les faire dès que possible. J’aime quand tous mes devoirs sont terminés à temps.
  1. Dans quelle activité avez-vous le sentiment d’être pressé (école, maison, famille, loisir, autre) ?
    La remise des devoirs !
  1. Comment arrivez-vous à simplifier ou ralentir une activité ?
    Lorsque je pratique le piano. J’arrive à simplifier l’activité en choisissant des pièces qui sont assez simples. J’évite les pièces qui paraissent compliquées, même si je les aime.

    Je fais de la course à pied avec ma mère. Au début, j’ai essayé de courir au même rythme qu’elle, mais maintenant, je cours à mon propre rythme. Je vais la rejoindre, ou nous allons ensemble au parc, mais nous courrons à notre propre rythme.
  1. Merci de partager un conseil slow à donner aux lecteurs pour réussir à ralentir le rythme et se simplifier la vie.
    Ne pas se donner de trop gros défis afin de ne pas être bloqué. Choisir quelque chose qu’on aime. Choisir un défi simple, car quand le défi est relevé on est motivé à continuer, à trouver d’autres défis.

Cloé 25 ans

1. Quelle activité aimez-vous faire lentement ? 
J’aime me laver lentement, prendre le temps de profiter de ce moment de détente et de soins. J’aime aussi boire mon café lentement, lorsque j’ai le temps de manger et de me préparer sans stress. Commencer une journée par un moment calme (et à l’extérieur de préférence) m’aide à être plus relaxe.

2. Quelle activité aimez-vous faire rapidement ? 
J’aime faire mes courses rapidement, me sentir efficace dans ma checklist de tâches.

3. Dans quelle activité avez-vous le sentiment d’être pressé (école, maison, famille, loisir, autre) ? 
Je suis toujours pressée au travail (cinéma), je ne peux pas me permettre d’être lente.

4. Comment arrivez-vous à simplifier ou ralentir une activité ?
Je ralenti le rythme d’une activité en me donnant plus de temps que nécessaire pour la réaliser, par exemple en me levant plus tôt, en commençant l’activité à l’avance pour éviter de me presser.

5. Merci de partager un conseil slow à donner aux lecteurs pour réussir à ralentir le rythme et se simplifier la vie.
Je ne suis pas très SLOW dans ma vie, j’aurais bien besoin de conseils moi-même haha!! 🙂

Emie, 27 ans

1. Quelle activité aimez-vous faire lentement ? 
Cuisiner ! Ironiquement, avec toute la frénésie de la vie quotidienne, j’apprécie particulièrement prendre mon temps pour popoter en toute tranquillité. C’est un moment méditatif où je suis seulement concentré sur la tâche devant moi. Peu importe mon horaire, je privilégie toujours un bloc dans une journée à cet effet. Je trouve que nous sommes vraiment déconnecté.e.s de notre alimentation aujourd’hui et c’est en quelque sorte un moment sacré pour se réapproprier ce lien à la vie. 

2. Quelle activité aimez-vous faire rapidement ? 
Me déplacer ! Le plus court, le mieux. J’aime quand mes trajets quotidiens sont rapides. J’utilise mon vélo pour me rendre n’importe où, j’ai l’impression d’avoir le pouvoir d’aller au rythme désiré, il s’agit simplement de pousser plus ou moins selon le besoin 🙂

3. Dans quelle activité avez-vous le sentiment d’être pressé (école, maison, famille, loisir, autre) ?
Dans mes déplacements, dans les transitions. Devoir être à un endroit précis dans le temps me donne souvent la misère. J’oublie de respirer et c’est souvent le moment où le stress se fait le plus ressentir. Particulièrement en ville, le brouhaha est constant. Voir tout le monde s’activer comme M. Lapin dans Alice aux pays des merveilles est contagieux, dans le mauvais sens. 

4. Comment arrivez-vous à simplifier ou ralentir une activité ? 
Je crois que c’est en prenant le temps de faire un peu d’introspection. Si quelque chose me semble lourd et compliqué, j’essaie de comprendre pourquoi et de remettre en question la nécessité de la chose. Après, je crois que ça prend aussi un peu d’organisation pour rendre le tout agréable et organique.

5. Merci de partager un conseil slow à donner aux lecteurs pour réussir à ralentir le rythme et se simplifier la vie. 
Méditer ! Se concentrer sur sa respiration, ses sensations, observer ses pensées, aide vraiment à se recentrer. Même pas besoin que ce soit long, un petit 10 minutes suffit pour ressentir les bénéfices de cette pratique.

Julien, 33 ans  

  1. Parlez-nous d’un aspect de votre vie que vous avez ralenti ou simplifié.
    J’ai décidé de ralentir le traditionnel 5 jours de travail par semaine à 3 jours de travail par semaine. Ce n’est évidemment pas une décision facile à prendre. Cette décision doit être bien réfléchie, car ceci diminue évidemment le revenu familial, mais en retour, j’espérais augmenter ma qualité de vie personnelle et familiale. 
  1. Quels sont les éléments qui vous ont motivés à faire un changement de rythme de vie vers le slow (alimentation, éducation, travail, etc.) ?
    Ma motivation principale a été mes deux enfants qui sont encore jeunes (12 mois et 2 ans et demi). Cette période (de 0 à 5 ans) est précieuse et passe si vite que l’option de ralentir le travail s’est présentée logiquement afin de profiter de ces moments et de passer davantage de temps avec mes 2 enfants avant qu’ils rentrent à l’école. En étant en congé parental durant la première année de leur vie, nous avons vraiment eu l’opportunité d’en profiter au maximum et nous voulions allonger cette période et ce plaisir encore un peu. Ralentir le travail à 3 jours par semaine me permettait donc de passer 4 jours par semaine avec mes deux cocos. Un ratio qui nous semblait idéal, car aligné avec nos priorités tout en me permettant de garder un pied dans le marché du travail.
  1. Quel obstacle avez-vous rencontré lors de ce changement de rythme ? 
    Il y a plusieurs aspects qui pouvaient être un frein à ce changement de rythme. En voici la liste exhaustive:
  1. Il fallait que mon employeur accepte que je passe d’employé « Temps-plein » à un employé «Temps partiel». Heureusement, mon employeur a accepté sans problème.
  2. Il fallait que la garderie accepte aussi que les 2 enfants soient présents seulement 3 jours par semaine. Encore une fois, nous avons été chanceux, car la garderie a accepté, à condition que nous continuions à payer pour du temps-plein (5 jours par semaine pour les 2 enfants). La balle était donc dans notre camp.
  3. La diminution du nombre de jours travaillés allait évidemment diminuer le revenu familial.
  4. Il fallait que je m’assure que j’allais être bien et heureux dans cette nouvelle situation (i.e. moins de travail et plus de tâches familiales).

4. Parlez-nous d’une solution qui a été appliquée à l’obstacle rencontré ?
Pour les 2 premiers points, la solution a simplement été de demander et, à notre grande surprise, les réponses obtenues ont été positives. Mon employeur et la garderie ont tous les deux démontré une ouverture à ce ralentissement et ont été très compréhensibles. 

Concernant la diminution du revenu familial, vu que j’étais la personne avec le plus petit salaire et que je n’arrêtais pas complètement de travailler, l’impact était donc réduit. Nous avons seulement eu à s’asseoir et prendre le temps de balancer le budget en conséquence. Concernant le dernier obstacle (mon bien-être), la solution était d’être à l’écoute de mes sentiments lors de mon congé parental (4 mois) et de confirmer que c’était bel et bien dans cette direction (ralentir le travail) que je voulais aller. Cette décision de ralentir était aussi facilement réversible (ce qui enlevait par le fait même une certaine pression), car autant l’employeur que la garderie accepterait de reprendre 5 jours par semaine au besoin.

5. Lorsque vous changez de rythme dans un domaine de votre vie, avez-vous l’impression d’aller à contre-courant de la société, de votre communauté, amis, famille, etc. ? Si oui, avez-vous un exemple concret ?
Effectivement, j’ai vraiment eu l’impression d’aller à contre-courant de la société, car tout semble aller plus vite, tout le temps. Spécialement au travail, on semble toujours nous demander d’être plus rapide/efficace et la charge de travail à faire en peu de temps ne cesse d’augmenter. Notre société de consommation semble aussi valoriser le fait d’acheter et de dépenser toujours plus, et pour se permettre autant de dépenses, nous devons évidemment gagner plus d’argent et ainsi travailler plus. Le fait de ralentir le travail ne semblait effectivement pas «fitter» dans le moule sociétal actuel. 

6. Merci de partager un conseil slow avec les lecteurs pour réussir à ralentir le rythme ou se simplifier la vie.
À chaque fois que j’ai discuté de mon ralentissement avec mon entourage, la grande majorité m’ont dit qu’ils admiraient la décision, qu’ils me soutenaient et qu’ils feraient pareil s’ils pouvaient se le permettre. Beaucoup d’individus semblent donc pris dans le tourbillon de l’accélération. Cela peut même sembler une fatalité, une obligation. La société de consommation a sans aucun doute une grande emprise et une grande influence. Aller toujours plus vite et dépenser plus est en soi attrayant, surtout quand tout le monde semble faire ainsi. Mon conseil serait donc le suivant: Il est essentiel de minimalement prendre le temps de réfléchir à ses valeurs/priorités et de s’assurer qu’on ne passe pas à côté d’une des plus belle période de sa vie. Il ne faut pas hésiter à ralentir même si tout le monde ne semble pas aller dans la même direction. Ce n’est pas le choix des autres, c’est votre choix, c’est votre vie. Comme l’a si bien dit Gandhi : Nous avons mieux à faire de la vie que d’en accélérer le rythme.

Marie-Claude 57 ans

  1. Parlez-nous d’un aspect de votre vie que vous avez ralenti ou simplifié.
    J’ai ralenti mon rythme au quotidien de façon générale. Je faisais du sport amateur, mais d’assez haut niveau qui prenait beaucoup de mon temps.  J’ai décidé, après 15 ans, de ralentir la cadence.  Je fais toujours du sport, mais plus raisonnablement. Au niveau du travail, je suis travailleur autonome donc à mon compte et travaille beaucoup sans compter les heures. J’ai décidé de réduire la charge de travail.
  2. Quels sont les éléments qui vous ont motivés à faire un changement de rythme de vie vers le slow (alimentation, éducation, travail, etc.) ?
    Une séparation et un déménagement qui m’ont amené vers un lieu en nature, face à une rivière et très paisible. Ceci a entraîné beaucoup de changements dans ma façon de vivre.  Nous sommes autonomes au niveau de l’eau, nous avons un jardin et des poules.  Nous regardons la nature changer chaque saison. 
  3. Quel obstacle avez-vous rencontré lors de ce changement de rythme ?
    L’énergie de l’adrénaline qui était moins présente et je me suis retrouvée avec beaucoup de temps.  J’éprouvais de la difficulté à m’arrêter. Je me suis sentie coupable de travailler moins.
  4. Parlez-nous d’une solution qui a été appliquée à l’obstacle rencontré ?
    Commencer à faire du yoga et marcher juste pour observer la nature sans but précis. Décider de travailler 4 jours/semaine le plus possible.
  5. Lorsque vous changez de rythme dans un domaine de votre vie, avez-vous l’impression d’aller à contre-courant de la société, de votre communauté, amis, famille, etc. ? Si oui, avez-vous un exemple concret ?
    J’ai l’impression d’aller à contre-courant par rapport à mon travail. La performance étant toujours valorisée, c’est difficile de choisir de travailler moins.
  6. Merci de partager un conseil slow avec les lecteurs pour réussir à ralentir le rythme ou se simplifier la vie.
    Juste s’arrêter et prendre le temps de respirer. Aller se promener dans la nature. S’arrêter et se poser la question à savoir si notre vie nous convient là maintenant plutôt que d’être dans un tourbillon sans fin.

    Ces solutions me procurent une paix intérieure et une meilleure connexion avec ce qui m’entoure.  Je suis plus attentive aux personnes autour de moi, aux sensations des éléments de la nature sur mon corps et mon esprit et ça m’apporte beaucoup de calme. M’arrêter me force à porter un regard nouveau sur ce qui m’entoure et remarquer plein de choses auxquelles je n’aurais jamais porté attention.

Conclusion et remerciements !

Un gros merci à tous nos participants d’avoir si gentiment accepté de partager leur tranche de vie et leurs précieux conseils ! En résumé, Céleste, Cloé, Emie, Julien et Marie-Claude nous conseillent de s’arrêter un instant et de prendre le temps de respirer, de méditer, de se concentrer sur notre respiration, sur nos sensations, sur nos pensées, de s’alimenter en pleine conscience, de prendre soin de soi…et de réfléchir à nos valeurs, à nos priorités, à nos défis et à notre vie. Est-ce que celle-ci nous convient telle qu’elle est actuellement ?

Finalement, on vous invite également à partager une tranche de votre vie et à partager aussi vos solutions et vos conseils slow. Tous gestes, toutes personnes peuvent être source d’inspiration. On s’entraide, lentement, mais sûrement…